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Minimum 18 $

Minimum 18 $

pour combattre la pauvreté

Au Québec, le gouvernement fixe le salaire minimum pour qu’il se situe à 50 % du salaire horaire moyen. Jamais il ne prend en considération la capacité, pour une travailleuse ou un travailleur, de vivre dignement avec un tel salaire.

Malheureusement, la réalité est d’une brutale simplicité : au salaire minimum actuel, une personne seule travaillant à temps plein n’arrive pas à sortir de la pauvreté. Point.

Pour mettre un terme à une telle situation, la Coalition Minimum 18 $ demande la hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure : il s’agit du moyen le plus efficace pour combattre la pauvreté au Québec. La pandémie nous aura démontré le caractère essentiel de nombreux emplois à bas salaire où les femmes et les personnes issues de l’immigration sont surreprésentées. Il est plus que temps de leur rendre justice.

Il n’y a aucune raison, ni économique et encore moins morale, à ce qu’une personne travaillant à temps plein au Québec soit contrainte de vivre dans la pauvreté.

Actuellement, ce sont les personnes travaillant au salaire minimum qui demeurent les véritables victimes de la hausse marquée du coût du panier d’épicerie.

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pour nous prémunir contre l’inflation

Avant de craindre l’impact que pourrait avoir une hausse du salaire minimum sur les prix à la consommation, nous sommes d’avis qu’une société devrait d’abord se préoccuper de celles et de ceux qui vivent de plein fouet la dure réalité entraînée par l’actuelle montée inflationniste : les personnes à faibles revenus. Nous sommes d’avis qu’une hausse du salaire minimum à 18 $ l’heure constitue le meilleur moyen pour prémunir ces travailleuses et ces travailleurs contre la hausse actuelle du coût de la vie.

Cela dit, quel serait l’impact d’une telle hausse sur les prix à la consommation ? Essentiellement minime : en appliquant la méthode développée par l’IRIS dans ses analyses sur les conséquences d’une hausse du salaire minimum au Québec, l’augmentation du salaire minimum à 18 $ l’heure entraînerait une augmentation de l’inflation de… 0,1 à 0,2 %. Même en calculant l’impact d’une telle hausse sur les salaires en général, l’inflation ainsi engendrée demeurerait sous la barre du 1 % – et serait largement compensée par cet enrichissement collectif.

Lorsque des employeurs développent leur propre politique de salaire minimum, il y a preuve que le gouvernement est déconnecté de la situation.

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Pour agir comme moteur économique

Plus de la moitié des 200 000 emplois présentement disponibles au Québec ne sont pas loin du salaire minimum. Avec autant d’emplois disponibles, qui croit encore qu’une hausse du salaire minimum entraînerait d’importantes pertes d’emploi ? Au contraire :

le contexte de pénurie et de rareté de main-d’œuvre que nous connaissons présentement a déjà poussé de nombreux employeurs à bonifier leur salaire d’entrée.

Il est pertinent de rappeler que 90 % des emplois au salaire minimum se retrouvent dans le secteur des services, principalement dans l’hôtellerie, la restauration et le commerce de détail. Des secteurs, faut-il préciser, qui ne sont ni soumis à la concurrence étrangère, ni sujets à une soudaine délocalisation d’entreprise… donc pleinement en mesure de payer leurs employé-es dignement.

Mythes Mythes Mythes
et réalité

On entend une chose et son contraire à ce sujet ! Mais les études statistiques sur des cas récents sont claires : il n’y a pas de relations significatives entre la hausse du salaire minimum et les pertes d’emplois. On y note même des impacts positifs.

Les expériences concrètes d’augmentation importante du salaire minimum qui ont déjà eu lieu n’ont pas mené à une diminution des emplois.

L’exemple de la Colombie-Britannique

En 2011, cette province canadienne a haussé son salaire minimum de 28 % sur une période d’un an (de 8 $ à 10,25 $). L’Institut Fraser, un institut de recherche associé au lobby patronal, avait prédit une catastrophe sur le plan de l’emploi des 15 à 24 ans, soit la perte de 26 000 à 52 000 emplois dans ce groupe d’âge.

Or, entre 2010 et 2013, le nombre d’emplois de ce groupe n’a en fait diminué que de 3 800, bien en deçà de la prévision de l’Institut. Il s’est ensuite rétabli en 2014, si bien que le taux d’emploi des 15 à 24 ans était le même en 2015 qu’en 2010.

Plus de temps partiel ?

L’augmentation de l’emploi à temps partiel et la diminution du nombre d’heures de travail sont aussi des arguments souvent évoqués comme impacts négatifs des augmentations du salaire minimum.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a observé que le nombre d’heures travaillées dans l’industrie du commerce de détail, l’hébergement et les services de restauration – des secteurs d’activité où les employé-es au salaire minimum sont nombreux – a suivi la même tendance que dans les autres secteurs entre 2005 et 2010. Or, de 2007 à 2010, le salaire minimum a augmenté de 1,75 $ au Québec, dont trois années consécutives avec une majoration de 50 cents du taux général.

L’ISQ constate aussi que la proportion d’emplois temporaires à temps partiel a diminué dans l’ensemble des emplois, et particulièrement dans le commerce de détail (la proportion est passée de 25 % à 21 %).

Une hausse du salaire minimum augmente les coûts de main-d’œuvre assumés par les employeurs, mais cette hausse se traduit aussi par une augmentation des ventes.

Parce qu’une hausse de revenu pour les travailleuses et travailleurs à bas salaire n’est pas détournée vers les paradis fiscaux ou vers l’épargne : elle est directement réinvestie dans l’économie locale.

En 2010, le Québec vient de vivre trois hausses successives du salaire minimum. Le Conseil québécois du commerce de détail a rapporté que ses membres ont enregistré une hausse de 6,6 % de leurs ventes par rapport à l’année précédente. Voilà un exemple concret selon lequel augmenter le salaire minimum ne représente pas la catastrophe annoncée par les employeurs.

Les hausses de salaire bénéficient aux travailleuses et aux travailleurs. Elles sont directement réinjectées dans l’économie, particulièrement dans le secteur où nous les retrouvons en majorité, soit le secteur des services dont fait partie le commerce de détail.

À l’augmentation de leurs ventes, d’autres avantages s’ajoutent pour les entreprises qui augmentent le salaire minimum :

– Elles épargnent sur les coûts engendrés par le roulement de personnel : recrutement, embauche, formation et encadrement ;

– Les personnes, plus satisfaites de leurs conditions de travail, sont plus motivées et offrent un meilleur rendement ;

– Avec la stabilisation de la relation d’emploi, les entreprises peuvent se concentrer sur la qualité de leur produit et l’efficacité de l’organisation.

Certaines entreprises chercheront à transférer une partie de la hausse de leurs coûts salariaux en augmentant les prix. Par contre, cette augmentation sera faible, puisque la main-d’œuvre payée aux alentours du salaire minimum ne représente qu’une faible proportion des coûts de production.

Pour la consommatrice ou le consommateur, il est normal de craindre qu’une augmentation importante du salaire minimum se répercute directement sur les prix.

L’effet est prévisible, mais sa hauteur dépend de plusieurs facteurs, notamment :

– La part des coûts de main-d’œuvre dans le prix 

– La part des personnes qui gagnent de bas salaires 

– La réduction des coûts d’embauche et de formation 

– L’augmentation ou la diminution des ventes 

– La valeur du dollar canadien

Par exemple, pour atteindre le salaire minimum de 18 $ (soit une augmentation de 25 %), les propriétaires d’entreprise dans le secteur du commerce de détail – dont un peu plus de la moitié du personnel est à bas salaire et dont les coûts de la main-d’œuvre avoisinent 15 % – souhaiteront augmenter leurs prix d’environ 2,5 %.

Du côté de la restauration, l’estimation se situe autour de 3,5 % (le personnel y est composé de 61 % de travailleuses et de travailleurs à bas salaire, ce qui représente 22 % des prix associés aux coûts de la main-d’œuvre).

Autrement dit, pour assurer une augmentation de salaire de près de 25 % à bon nombre de travailleuses et de travailleurs des restaurants, la clientèle devra peut-être débourser 35 cents de plus pour un repas qui coûte actuellement 10 $. Et cette évaluation ne tient pas compte des économies que les entreprises effectueront en raison de la réduction du roulement de main-d’œuvre et de l’augmentation de la motivation au travail.

Conscientes de l’insuffisance du salaire minimum pour vivre décemment, les associations patronales préféreraient que les aides gouvernementales soient augmentées pour les personnes qui gagnent de bas salaires (exemption d’impôt, prime au travail ou crédit d’impôt pour solidarité).

Si ces mesures versées directement aux travailleuses et aux travailleurs ont un effet concret sur la réduction de leur pauvreté, elles représentent aussi des subventions indirectes pour les entreprises à bas salaire.

Pour une personne travaillant à temps plein au salaire minimum, le passage de 14,25 $ à 18 $ l’heure réduit son besoin de soutien de l’État de près de 800 $ par année, sans compter qu’elle commencera à payer des impôts.

Une augmentation du salaire minimum permettrait donc à l’État de dégager une nouvelle marge de manœuvre grâce à la réduction des aides financières individuelles.

Les études portant sur l’effet d’une augmentation du salaire minimum sur la pauvreté fournissent des résultats inconstants… mais plusieurs de ces études ont des limites importantes. Afin de statuer sur la question, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a d’ailleurs récemment réanalysé certaines de ces études : contrairement aux résultats initiaux, il en conclut que les études existantes pointent vers une diminution de la pauvreté. Quatre principales raisons permettent d’expliquer le faible impact des hausses du salaire minimum sur la pauvreté constatée par les études.

1 – Rappelons-nous que si plusieurs études n’ont pas pu démontrer que les augmentations passées du salaire minimum ont conduit à une réduction de la pauvreté, c’est en partie parce que les augmentations passées étaient bien trop faibles et maintenaient les travailleuses et travailleurs au salaire minimum loin des seuils de sortie de pauvreté.

2 – Les études sur les impacts économiques du salaire minimum ont historiquement porté sur les adolescents et les jeunes adultes (15 à 24 ans) qui constituent la majorité (60 %) des personnes travaillant au salaire minimum.

Toutefois, la majorité des personnes gagnant actuellement 18 $ l’heure et moins sont âgées de 25 ans et plus. Il semble plausible que cette modification dans le bassin de personnes affectées par la hausse du salaire minimum ait un effet sur la réduction de la pauvreté, même s’il est difficile d’en estimer l’ampleur.

3 – Bon nombre de salarié-es rémunérés au salaire minimum travaillent à temps partiel. L’augmentation du salaire minimum a moins d’impact sur leur salaire vu le plus petit nombre d’heures travaillées dans une semaine : leur augmentation salariale ne leur permet donc pas nécessairement de sortir de la pauvreté.

Malgré cela, il est important de réaliser que l’augmentation du salaire minimum leur permet tout de même d’augmenter leur revenu, ce qui contribue à réduire leur stress financier et l’étendue de leur pauvreté.

4 – Certaines études, comme celle de l’Institut Fraser, ne s’intéressent qu’à la situation économique des ménages et non à la situation individuelle des personnes. Ce qui leur fait dire qu’une augmentation du salaire minimum n’est pas nécessaire puisque plusieurs personnes qui gagnent ce salaire vivent dans un ménage qui n’est pas considéré comme pauvre.

Dire que l’augmentation du salaire minimum ne permet pas de réduire la pauvreté n’est donc pas un argument très solide…

L’augmentation du salaire minimum profite aussi aux personnes gagnant plus que le salaire minimum. Il est essentiel de comprendre que la hausse du salaire minimum a des effets qui dépassent la seule rémunération des personnes travaillant au salaire minimum.

Les hausses du salaire minimum ont un impact bénéfique sur le salaire des travailleuses et des travailleurs dont le taux horaire se situe tout juste au-dessus du salaire minimum, mais qui demeurent pauvres ou qui risquent de basculer dans la pauvreté.

Une étude publiée en 2012 dans la revue Regard sur le travail démontre d’ailleurs que la hausse du salaire minimum en 2010 a eu une répercussion positive sur les salaires se situant au-dessus du nouveau taux du salaire minimum.

Alors que seulement 6 % des travailleuses et travailleurs du Québec gagnent le salaire minimum, c’est environ 20 % des personnes salariées qui ont obtenu des hausses de salaire à la suite de l’augmentation du salaire minimum. Ajoutons à cela qu’environ 25 % de la main-d’œuvre féminine et 40 % des personnes travaillant à temps partiel ont été touchées.

Le salaire minimum, un déterminant important de la société

Toute augmentation du salaire minimum agit aussi sur l’écart entre l’aide financière de dernier recours et le salaire minimum. Les augmentations viennent créer un espace nécessaire pour hausser les prestations, nos gouvernements ayant souvent en tête l’objectif de rendre le travail plus attrayant et d’inciter les personnes à participer au marché du travail. Toute hausse significative des barèmes de la sécurité du revenu est donc facilitée par une augmentation substantielle du salaire minimum.

En plus de fixer la valeur minimale que nous accordons au travail, le salaire minimum a donc une incidence sur d’autres catégories de travailleuses et de travailleurs.

– Elles sont très rarement syndiquées : une personne sur dix, comparativement à quatre personnes sur dix pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs ;

– Elles ne bénéficient habituellement pas d’avantages sociaux comme les régimes d’assurance ou les régimes de retraite ;

– Elles travaillent en moyenne 25 heures par semaine ;

– Leur horaire de travail est souvent atypique (sur appel, heures brisées, etc.) ;

– Elles ont de la difficulté à accumuler le nombre d’heures suffisant pour se qualifier à l’assurance-emploi en raison du faible nombre d’heures travaillées ;

– Elles ont moins souvent accès à la formation offerte par l’entreprise ;

– Elles touchent souvent une rémunération plus variable et aléatoire, surtout lorsque le salaire est en partie composé de pourboires.

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